Forum des Sciences Cognitives 2022

Pour cette 21ème édition du Forum des Sciences Cognitives, le thème sera :

« Le cerveau sensible : façonner le monde à travers nos émotions »

Comment nos émotions modifient-elles nos perceptions, nos actions ? Que se passe-t-il lorsqu’elles sont perturbées ? Comment les reproduire ?

Cette année encore, une dizaine d’intervenants sont venus partager leurs recherches aux côtés de laboratoires, entreprises et formations en sciences cognitives qui ont tenu des stands tout au long de la journée.

Cet événement est destiné chaque année aux étudiants, chercheurs et autres passionnés des sciences cognitives, mais aussi aux simples curieux venus découvrir la discipline, alors n’hésitez pas !

Cette année la Fresco a exporté le Forum des Sciences Cognitives dans toute la France en co-organisant six autres FSC avec des associations locales !

Souvenirs photo

Programme

Amphithéâtre Gaston Berger

Évaluation neuro-computationnelle des fluctuations de l’humeur et de leur impact sur la prise de décision 

Professeur de Psychiatrie à l’Université de Paris et au GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences.

Les événements de vie – positifs ou négatifs – influent sur notre humeur, qui elle-même modifie notre perception des événements. Une humeur haute conduit à percevoir les événements (ou les perspectives d’évènements) comme meilleures qu’ils ne sont. Ce genre d’interaction réciproque se retrouve également en clinique et notamment chez des patients présentant un trouble de l’humeur. Récemment, différentes équipes ont utilisé une approche computationnelle pour mieux décrire ce phénomène, et en identifier les bases neurales. Lors de cette présentation, j’essaierai de synthétiser l’état des connaissances sur ce sujet et les questions qu’il soulève.

Des agents, aux actions, aux interactions, aux sociétés : les réseaux neuraux des primates pour l’analyse sociale

Je suis une chercheuse CNRS fascinée par la manière dont nos compétences sociales sont enracinées dans des mécanismes phylogénétiques et biologiques antiques. Depuis 2019, je conduis mon programme de recherche à l’Institut du Cerveau de Paris. Précédemment, je me suis formée en tant qu’associée de recherche et post-doctorante à l’Université Rockefeller à New York, et en tant qu’étudiante de thèse à l’Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod à Lyon.

Nos cerveaux décodent en continu les scènes visuelles complexes qui se déroulent devant nous : à la fois la nature des images, tels que des individus ou des objets, et leurs interactions. Je parlerai brièvement de la reconnaissance des individus par les singes, puis je me tournerai vers les scènes sociales et le traitement des interactions par les humains et les singes. Les interactions sont fondamentales, en ce qu’elles révèlent les propriétés cachées des agents intentionnels, telles que leurs pensées et émotions, et des objets, telles que leur masse ou matériau. Quand et comment les analyses d’interactions sont implémentées dans le cerveau n’a pas été très étudié. En utilisant de l’imagerie fonctionnelle à résonance magnétique du cerveau entier chez des macaques, nous avons découvert un réseau engagé dans l’analyse des interactions sociales. Deux réseaux additionnels exhibent à la fois des préférences pour les interactions sociales et physiques. L’étendue et la localisation du réseau d’analyse d’interactions sociales chez les singes suggère que cette fonction pourrait être un précurseur évolutif des capacités humaines de lecture dans les pensées.

Effects of unmet social needs on cognition and the brain

My PhD research at the Social, Cognitive and Affective Neuroscience Unit at University of Vienna focused on the effects of acute stress on neural correlates of empathy. I then completed 3 years of postdoctoral training in Cognitive Neuroscience at the Department of Brain and Cognitive Sciences at MIT investigating how deprivation of social needs affects the human brain. Since 2020, I am a Henslow Research Fellowship at Hughes Hall at University of Cambridge studying the effects of social stressors (such as social threat and social isolation) on adolescent cognition.

Loneliness and isolation are increasing in societies all around the world (e.g., Victor 2005, 2012). This development has recently been further intensified due to the world-wide social distancing rules in response to the outbreak of COVID-19 (e.g., Lee 2020, Luchetti 2020) with potential long-term effects of disrupted social connection for years to come. However, the effects of isolation on cognition and the human brain are not clear. Importantly, while many studies focus on loneliness in elderly people, a recent large survey (Hammond 2019) found that 16-24-year-olds reported the highest loneliness levels. In this talk, I will present results from my research on the effects of social stress, social isolation and loneliness on the human brain. I will also present data on how social isolation affects cognition during adolescence – a developmental period in life characterized by increased sensitivity to social stimuli.

Les émotions dans le cerveau : comment le cerveau humain traite-il les émotions ?

Directrice de recherche au CNRS, je suis spécialiste de l’électroencéphalographie (EEG) et de la magnétoencéphalographie (MEG). J’ai longtemps étudié les bases cérébrales de la perception des visages et des signaux émotionnels et sociaux qu’ils véhiculent à l’aide de ces méthodes. Plus récemment, je me suis tournée vers l’étude des réseaux sous-corticaux et corticaux du contrôle inhibiteur et ses interactions avec les processus cognitifs et socio-affectifs. Je dirige le Centre MEG-EEG du Centre de Neuroimagerie de Recherche (CENIR) de l’Institut du Cerveau (ICM) à Paris et je fais partie de l’équipe de Neurochirurgie Expérimentale de l’ICM.

Notre cerveau est extrêmement sensible au contenu émotionnel des stimulus qu’il perçoit. Les méthodes de neuroimagerie permettent de visualiser et mesurer les réponses du cerveau aux émotions. En particulier, les méthodes de l’électroencéphalographie et de la magnétoencéphalographie, qui mesurent à la surface de la tête les courants électriques et les champs magnétiques produits par l’activité des neurones, permettent d’étudier la dynamique temporelle de ces réponses et de mettre en évidence les réseaux cérébraux qui sont activés par les émotions. Je présenterai l’apport de ces méthodes à nos connaissances sur les bases cérébrales des émotions et sur la façon dont les émotions modulent notre perception.

La fonction interpersonnelle des expressions émotionnelles

Julie GREZES, (DR INSERM) dirige l’équipe de cognition sociale au sein du Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles (INSERM U960), au Département d’Études Cognitives de l’École Normale Supérieure à Paris. Ses travaux s’intéressent à la fonction de communication des signaux sociaux non-verbaux et à leurs liens avec l’action, considérant l’observateur, non pas comme un agent passif, mais un acteur de l’interaction sociale.

Les humains, comme de nombreuses autres espèces, sont capables d’adapter très rapidement leurs comportements en réponses aux signaux émotionnels émis par autrui. Dans cette intervention, nous interrogeront la nature des mécanismes qui déterminent l’influence des expressions émotionnelles (leur rôle interpersonnel et motivationnel) sur nos décisions d’action.

Les émotions dans l’autisme

Je suis chercheure entre l’Hôpital Fondation Rothschild et le laboratoire Integrative neuroscience and cognition center (CNRS-Université de Paris). Après des études en philosophie et en sciences cognitives, j’ai fait un doctorat en neurosciences. Je m’intéresse à la fonction visuelle dans l’autisme et dans les troubles neurovisuels, et en particulier aux liens entre perception et cognition sociale.

Les émotions peuvent représenter des informations particulièrement complexes pour des personnes avec autisme. Les observations cliniques et les recherches en neurosciences montrent des atypies dans le traitement cérébral, parfois liées aux difficultés de reconnaissance et de communication des émotions, et cela dans plusieurs modalités sensorielles. Dans cette présentation, je montrerai que le traitement émotionnel chez des personnes avec autisme diffère dans certaines études de celui des personnes sans autisme. Cependant, dans leur ensemble, les recherches mettent en évidence une importante hétérogénéité dans les résultats.

Les robots et le « cerveau sensible »

Je suis Professeure et tiens une Chaire INEX Neurosciences et Robotique à l’Université CY Cergy Paris, au laboratoire ETIS, en France. Je suis également Professeur Visiteur (honorifique) dans le groupe Adaptive Systems Research, à l’Université de Hertfordshire, au Royaume-Uni.

Après avoir étudié la philosophie, je me suis d’abord tournée vers l’intelligence artificielle, puis vers la cognition incarnée et la robotique affective pour d’une certaine manière explorer les « grandes » questions philosophiques classiques (telles que « quelles sont les conditions pour la possibilité de connaissance ? », « qu’est-ce qu’un agent ? », « comment apprend-t-on à connaître et interagis-t-on avec un agent ? ») d’un point de vue synthétique. Depuis 1995, ma recherche est centrée sur les origines et les constituants de la cognition incarnée, que j’explore chez des agents artificiels autonomes (robots et simulations de vie artificielle). Je me concentre particulièrement sur la modélisation de phénomènes affectifs (motivations et émotions) chez des robots autonomes et sociaux qui interagissent avec le monde physique et social.

De par leur nature complexe, les émotions ne peuvent pas être correctement appréhendées du point de vue d’une seule discipline. Dans cette conférence, je discuterai et j’illustrerai avec des exemples de mes propres recherches comment l’utilisation de robots autonomes peut servir à la fois de modèle scientifique – comme modèles incarnés de phénomènes affectifs pour encourager et contribuer à la recherche interdisciplinaire en émotion – et comme un outil pour soutenir et donner plus de pouvoir aux personnes, en appréhendant cette problématique de la perspective de mes propres recherches.

Salle Louis Armand

L’entreprise Minimento fera une intervention d’une quarantaine de minutes pour expliquer comment ils appliquent les sciences cognitives aux concepts les plus compliqués, afin de les rendre accessibles au plus grand nombre.

Une heure et demie de discussions entre d’anciens étudiants en sciences cognitives, qui viendront raconter leurs parcours et les débouchés qu’ils ont rencontrés après leurs études. Préparez vos questions !

  • Stefano Palminteri :

Après un master de biotechnologie pharmaceutique à l’Université de Bologne et un master de neurosciences cognitives et comportementales de l’Université Pierre et Marie Curie, j’ai réalisé une thèse de recherche en sciences cognitives puis trois post-doctorats. Je suis maintenant à la tête de l’équipe Human Reinforcement Learning du laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles.

  • Mickael Worms-Ehrminger :

Après une licence en psychologie, j’ai été admis au département d’études cognitives de l’ENS pour y préparer le master en sciences cognitives ainsi que le diplôme de l’ENS. J’ai ensuite travaillé dans le conseil en santé, puis j’ai réalisé une thèse de doctorat en santé publique – recherche clinique. Je suis aujourd’hui chercheur R&D dans une start-up du numérique.

  • Sophia Richard :

Passionnée de sciences et plus particulièrement des neurosciences, j’ai obtenu le master Biologie Intégrative et Physiologie parcours Neurosciences Cognitives et Comportementales à Sorbonne Université. Je couple ça actuellement à la vulgarisation scientifique au sein de l’association que j’ai co-fondé et préside depuis plus de 4 ans, Je Science donc Je Suis.

  • Tallulah Gilliard :

J’ai commencé par faire une licence de mathématiques appliquées aux sciences cognitives à Bordeaux, puis je suis passée par un IUT informatique et un master HCID (Human Computer Interaction and Design). Je suis maintenant Ingénieure Chercheuse en Data Science à EDF R&D dans l’équipe Statistiques et Outils d’Aide à la Décision.

  • Trang-Anh Nghiem :

Après avoir étudié la physique à l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) et les sciences cognitives au Cogmaster, j’ai obtenu un doctorat en neurosciences computationnelles à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Je serai prochainement chercheuse postdoctorale à l’Université de Stanford (Etats-Unis). J’étudie comment les fonctions cognitives comme la vision et la conscience émergent des interactions complexes au sein des réseaux de neurones biologiques.

Cette association est spécialisée dans la vulgarisation des sciences cognitives auprès des enfants. Ils viendront présenter leur nouveau projet : OCEANA, un kit composé de BD, jeux et outils pour mettre en place des activités permettant aux enfants de construire une démarche scientifique pour commencer à appréhender les neurosciences.

Cette association viendra présenter ses programmes visant à aider les jeunes à réussir à l’école, et nous expliquera quelles expériences sont menées sur le terrain pour améliorer l’impact de ces programmes sur les enfants.

Quand les émotions virtuelles repoussent les frontières du réel

Soigner les phobies grâce à la réalité virtuelle, c’est possible grâce à C2Care. Venez découvrir avec Pierre Gadea et Ilyass Msellek comment les émotions font voler en éclats la frontière entre réel et virtuel !

Quatre étudiants ont 15 minutes chrono pour vous présenter leurs recherches de thèse.

  • Ondine Simonot-Bérenger

Cognition sociale, émotions et fiction : le théâtre comme lieu d’expérimentation des sciences cognitives

Depuis plus de deux-mille ans, le théâtre rassemble, dans un même espace-temps, des acteurs et des spectateurs, autour d’une œuvre de fiction, mettant en jeu et suscitant des émotions intenses. Les particularités de ce cadre en font un exceptionnel terrain d’investigation de la psychologie  humaine, à plusieurs titres. L’objectif de cette thèse est d’étudier certains  phénomènes de cognition sociale à l’œuvre durant les représentations  théâtrales, notamment les dynamiques émotionnelles collectives qui peuvent  émerger entre et au sein des groupes d’acteurs et de spectateurs. L’étude  expérimentale de ces phénomènes, en conditions réelles de représentation,  devrait permettre d’enrichir les théories philosophiques de la réception des œuvres de fiction.
Entre psychologie expérimentale et philosophie esthétique, imprégné par les études théâtrales et les créations contemporaines, ce travail s’inscrit dans la dynamique de recherche-création portée par le programme SACRe, et  instaure une collaboration inédite avec le Centre Dramatique National d’Angers.

  • Lise Xiong

Le regret : ressenti et identification tout au long de la vie

En psychologie cognitive et du développement, le regret est théorisé comme une émotion qui survient lorsque l’on se dit que les choses auraient pu  être meilleures si l’on avait pris une autre décision (Habib & Cassotti, 2015).  Cette émotion déplaisante joue un rôle important dans l’apprentissage  émotionnel, elle s’appuie sur la capacité à penser contre les faits et à imaginer les situations qui auraient pu se produire (McCormack et al., 2019). Le regret  nous permet d’apprendre de nos actions et d’améliorer nos décisions futures, notamment en anticipant son ressenti afin de l’éviter. Mon projet de thèse propose d’étudier le regret et son identification dans une approche tout au long de la vie afin de mieux saisir les  ressorts psychologiques sous-tendant le ressenti du regret à travers les âges. Il pourra également servir de base au développement de projets de prévention s’appuyant sur le ressenti et la  régulation du regret.

  • Angélique Lebert

Vers une meilleure compréhension des liens entre émotion et posture : le rôle des traits individuels dans les tendances à l’action

Les interactions sociales impliquent la perception, la production et l’intégration de nombreux signaux sociaux et dépendent en partie de la valeur attribuée à ces signaux par chaque individu au regard de ses objectifs et motivations individuels. Si l’expression faciale et la direction du regard renseignent sur les intentions et les états émotionnels d’autrui et sont un vecteur du comportement pro-social, la distance interpersonnelle doit être ajustée en permanence en fonction des états émotionnels d’autrui et joue un rôle capital dans nos interactions sociales. Ces différents signaux sociaux sont au cœur du traitement émotionnel et ont une fonction motivationnelle, préparant l’organisme à agir par des tendances à l’action telles que l’approche ou l’évitement. Dans ce contexte, l’objectif de cette thèse est d’intégrer les émotions dans la boucle Perception-Action en tant que prédispositions à agir et d’examiner comment les traits individuels de personnalité peuvent moduler ces relations. Cette thèse présente également un volet clinique apportant un éclairage sur les liens entre émotion et posture chez des enfants et des adolescents porteurs d’un kyste du cervelet, conduisant à des difficultés sur les plans moteurs, cognitifs et/ou socio-émotionnels.

  • Guilhem Marion

Émotions musicales et culture

La musique occupe une place très importante dans nos vies. Elle nous accompagne dans les plus beaux comme les pires moments. Mais d’où viennent les émotions qu’elle nous procure ? Comment la vibration de l’air émise par un instrument de musique peut-elle nous faire rire, pleurer, danser ? Et surtout, lors d’un concert, comment savoir si mon voisin ressent les mêmes émotions que moi ? Pendant cette présentation, nous verrons que notre cerveau prédit en permanence les prochaines notes d’une mélodie et que ces prédictions sont déterminées par la musique que nous avons écoutée dans notre vie. Ces prédictions et leurs violations sont aussi un moteur de notre comportement, car elles sont un levier du système de récompense dopaminergique. Elles régissent une grande partie de nos émotions dont le plaisir que nous ressentons en écoutant notre chanson préférée ainsi que notre désir compulsif de l’écouter encore et encore.

Nos émotions du labo à la ville : vers une prise en compte du sensible dans la conception des espaces

Le quiz iconique organisé par la Fresco dans tous les FSC de France vous permet de comparer vos connaissances en sciences cognitives, par binôme. Retrouvez la finale au FSC de Paris pour clôturer la journée !

Autres activités

Profitez des canapés et des fauteuils de la calm room pour quitter quelques instants le bruit et la foule du FSC.

Éric Salaun, Instructeur de méditation laïque, proposera quatre séances de méditation d’une vingtaine de minutes chacune tout au long de la journée, suivies d’un moment de discussion avec les plus intéressés.

Découvrez des jeux de société autour des sciences cognitives, développés par les associations présentes au FSC.

Le quiz iconique organisé par la Fresco dans tous les FSC de France vous permet de comparer vos connaissances en sciences cognitives, par binôme. La compétition se déroule en trois manches, avec des récompenses à la clé !

La finale se déroulera à 17h30, salle Louis Armand, avec les gagnants aux qualifications de tous les FSC.

Si vous cherchez une thèse ou un emploi, rencontrez des recruteurs par petites sessions de 15 minutes. Avec trois entreprises et associations :

Participez à des expériences scientifiques et aidez les chercheurs et chercheuses à collecter des données.

Des étudiant·e·s font un résumé de travaux de recherche sur des posters exposés toute la journée, et les présenteront lors d’une session poster qui aura principalement lieu lors de la pause de midi.

Stands

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