“Comment la société vient-elle à l’esprit ? De la perception sociale à la transmission culturelle.”
Les hommes se seraient hissés au-dessus des lois du vivant en inventant le langage, la technique et la culture. Pourtant, toutes ces constructions propres à notre espèce ne pourraient prendre forme sans les compétences cognitives spécifiques qui nous permettent de composer avec les relations et les normes qui « peuplent » le monde social. Il est temps pour les sciences sociales d’accorder plus d’attention aux sciences cognitives afin de saisir la manière dont notre organisme s’est adapté à la vie sociale. De leur côté, les sciences cognitives gagneraient à s’intéresser aux objets d’étude classiques des sciences sociales, tels que la transmission culturelle, les rapports sociaux ou les normes collectives. De tels objets leur permettraient de redéfinir ce que « social veut dire » et de remettre en question certains postulats individualistes et réductionnistes dont une approche naturaliste pourrait, tout compte fait, fort bien se passer.
Laurence Kaufmann est Professeur ordinaire en sociologie de la communication et de la culture, directrice du Laboratoire de Sociologie à l’université de Lausanne, et membre du comité de rédaction de la revue Raison publique. Ses recherches et ses publications portent notamment sur l’émergence des institutions ainsi que sur les capacités sociales et psychologiques que requièrent leur élaboration et leur maintien. Un des intérêts principaux de Laurence Kaufmann est, mis à part l’efficacité politique du discours, le fonctionnement de l’opinion et les modes d’existence et de constitution des collectifs, les compétences indispensables que requiert l’adaptation à la vie sociale et institutionnelle, et ce dès l’enfance. Fabrice Clément est Professeur ordinaire sur une Chaire des sciences de l’information et de la communication à l’Université de Neuchâtel depuis 2010 où il co-dirige le tout nouveau centre de Sciences Cognitives Ses recherches s’inscrivent dans un triangle interdisciplinaire qui relie les sciences sociales, la philosophie et les sciences cognitives. Son interrogation centrale porte sur le phénomène de la croyance. (Pour étudier les mécanismes qui sous-tendent la diffusion de certaines croyances au sein de collectifs de plus ou moins grande taille, Fabrice Clément développe une sociologie cognitive qui recourt à la philosophie de l’esprit, la psychologie l’anthropologie. ) Auteurs indépendamment l’un de l’autre Laurence Kaufmann et Fabrice Clément ont partager leurs idées et leurs plumes à de multiples reprises dont 2 livres, comme en témoigne leur dernière parution en 2011 intitulée « La sociologie cognitive » aux éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2011.