Mireille Besson
&
Céline Marie

Jean François Dortier

Mireille Besson étudie les neurosciences cognitives au Centre national de la recherche scientifique à Marseille (CNRS). Après avoir obtenu son doctorat de neurosciences en 1984 au CNRS, elle fait ensuite ses études post-graduées à l'Université de Californie à San Diego. Depuis 2002, Mireille Besson est directrice de recherche au CNRS et dirige un groupe de recherche spécialisé dans la comparaison des processus impliqués dans la compréhension du langage et la perception de la musique aux moyens des méthodes issues de la psychologie et de neurosciences. Ses recherches expérimentales portent, entre autres, sur la manière dont le cerveau traite la prosodie (la musique du langage) et les aspects mélodiques, harmoniques et rythmiques de la musique. Elle a publié de nombreux articles scientifiques et a écrit plusieurs chapitres de livres sur ce thème.

Musique, Langage et Dyslexie


Nous décrirons plusieurs expériences visant à mieux comprendre les bases neurophysiologiques des effets de transfert d'apprentissage entre musique et langage. L'apprentissage musical influence profondément l'organisation anatomo-fonctionnelle du cerveau et le cerveau musicien est considéré comme un excellent modèle de plasticité cérébrale. Une question importante reste cependant de déterminer si l'apprentissage musical facilite d'autres capacités perceptives et cognitives que celles directement liées à la musique. Les résultats issus d'études au niveau comportemental sont souvent confus. Dans nos expériences, nous avons utilisé une tâche de discrimination de variations de hauteur sur des stimuli linguistiques et musicaux. Ces variations étaient faciles ou difficiles à discriminer (variations paramétriques). Les résultats montrent que le niveau de performance des musiciens adultes et enfants (8 ans) est meilleur que celui des non musiciens aussi bien dans le langage que dans la musique, soulignant ainsi des effets de transfert d'apprentissage de la musique vers le langage. Ces effets de facilitation sont reflétés par des patrons spécifiques au niveau des variations de l'activité électrique cérébrale. En outre, les résultats d'études longitudinales avec des enfants non musiciens, qui ont suivi soit un apprentissage musical, soit un apprentissage de peinture, démontrent que l'apprentissage musical, plutôt que des différences non contrôlées ou des prédispositions génétiques, est responsable des effets observés aux niveaux comportemental et électrophysiologique. Enfin, les résultats d'une étude réalisée avec des enfants dyslexiques montrent qu'ils ont des difficultés à percevoir de grandes variations de hauteur portant sur le dernier mot d'une phrase. Un entraînement phonologique et audio-visuel permet de pallier ce déficit. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives de remédiation de la dyslexie par l'apprentissage musical.